Lorsqu’un salarié est confronté à un arrêt maladie prolongé, le retour à l’emploi peut s’avérer complexe. Entre les contraintes médicales, les réticences des employeurs et la peur de ne plus être à la hauteur, nombreux sont ceux qui risquent une exclusion durable du monde du travail. Prévenir la désinsertion professionnelle après un arrêt maladie est donc un enjeu majeur, qui nécessite une anticipation et une mobilisation de divers acteurs.
La désinsertion professionnelle désigne la difficulté, voire l’impossibilité, pour un travailleur de reprendre ou de conserver son emploi en raison d’un problème de santé. Ce phénomène touche particulièrement les personnes ayant subi un arrêt longue durée, souvent à cause d’une maladie chronique (cancer, diabète, hypertension...), d’un accident du travail ou d’un burn-out.
Les conséquences de cette situation peuvent être lourdes : perte de revenus, isolement social, perte d’estime de soi et, à terme, un risque accru de basculement vers l’inactivité. Pour l’entreprise, c’est également un enjeu de maintien des compétences et d’adaptation aux obligations légales en matière de santé et de maintien en emploi.
Heureusement, plusieurs dispositifs existent pour anticiper et accompagner le retour à l’emploi après un arrêt maladie.
1. Le rendez-vous de liaison
Le rendez-vous de liaison est un dispositif introduit par la loi du 2 août 2021.
Ce rendez-vous, qui n’est pas un rendez-vous médical, a pour objectif de maintenir un lien entre le salarié et l’employeur pendant son arrêt de travail.
Il permet également d’informer le salarié qu’il peut bénéficier d’actions de prévention de la désinsertion professionnelle, d’une visite de pré-reprise et de mesures d’aménagement du poste et/ou du temps de travail (je vous en parle juste après).
Tout salarié en arrêt de travail d’une durée d’au moins 30 jours peut bénéficier d’un rendez-vous de liaison. Facultatif, le rendez-vous de liaison est organisé à l’initiative de l’employeur ou du salarié et toujours avec son accord.
Lorsqu’un salarié sollicite ou accepte un rendez-vous de liaison, l’employeur est tenu de lui proposer une date sous un délai de 15 jours.
L’employeur doit en informer le médecin du travail sous 8 jours.
2. La visite de pré-reprise
Il s’agit d’une visite médicale réalisée par le médecin du travail pour les salariés en arrêt de longue durée, dont l’objectif est de faciliter le retour au poste de travail et d’éviter le risque de désinsertion professionnelle.
Depuis l’entrée en vigueur au 31 mars 2022 de la loi du 2 août 2021, la visite de pré-reprise concerne les salariés en arrêt de travail (quelle qu’en soit le motif) d’une durée supérieure à 30 jours (sans caractère obligatoire).
Lors de l’entretien, le salarié peut échanger avec le médecin du travail sur son état de santé, son poste et ce qu’il ressent de sa capacité physique et psychique à le retrouver.
En cas de difficultés constatées, le médecin du travail peut, avec l’accord du salarié, proposer à l’employeur des mesures d’aménagement du poste de travail afin que le salarié puisse y être maintenu. Si cela s’avère impossible, il peut émettre des suggestions de reclassement dans l’entreprise ou de formation en vue d’une réorientation.
L’arrêt maladie constitue juridiquement une suspension du contrat de travail. Ceci implique que ni l’employeur, ni le médecin du travail ne sont en droit de déclencher une visite de pré-reprise. Elle ne peut être qu’à l’initiative :
· Du salarié lui-même ;
· Du médecin traitant du salarié ou un médecin spécialisé ;
· Du médecin conseil de la Caisse d’assurance maladie à laquelle est affilié le salarié.
La visite de pré-reprise a pour but de vérifier la capacité du salarié à reprendre son emploi et à proposer d’éventuelles solutions pour s’en assurer. Elle est donc organisée avant la reprise effective du travail et permet d'anticiper celle-ci.
3. L'aménagement du poste de travail
Selon les recommandations du médecin du travail, plusieurs mesures peuvent être mises en place pour faciliter le retour du salarié dans de bonnes conditions et limiter les risques de rechute. Parmi ces mesures, nous pouvons retrouver :
L’aménagement du poste de travail est souvent une solution gagnant-gagnant, permettant à la fois de préserver la santé du salarié et d’assurer la continuité de l’activité pour l’employeur. Il peut également permettre une prise de conscience des contraintes d'un poste de travail et ainsi avoir un effet bénéfique pour l'ensemble de l'organisation du travail et des salariés.
4. Le temps partiel thérapeutique
Le temps partiel thérapeutique est une solution qui permet au salarié de reprendre son activité professionnelle de manière progressive, tout en bénéficiant d’un soutien financier. Il est prescrit par un médecin et validé par la sécurité sociale.
Les avantages du temps partiel thérapeutique sont multiples :
Sa mise en place nécessite l’accord du médecin traitant, du médecin du travail et de l’employeur. Il peut être renouvelable et progressif, en fonction de l’amélioration de l’état de santé du salarié.
5. Le dispositif de reconversion et de formation
Lorsqu’un retour à l’emploi sur le poste initial s’avère impossible en raison des limitations fonctionnelles du salarié, une reconversion professionnelle peut être anticipée. Plusieurs dispositifs existent pour accompagner cette transition :
La reconversion et la formation permettent ainsi d’ouvrir de nouvelles perspectives professionnelles aux salariés en situation de fragilité, tout en leur offrant un cadre adapté à leur état de santé et à leurs capacités. Certaines de ces actions dites de remobilisation (comme le bilan de compétences) peuvent se dérouler durant l'arrêt de travail, pour anticiper l'issue de celui-ci. Il est néanmoins impératif d'obtenir l'accord préalable du Médecin Conseil pour ce faire.
6. L’intérêt du bilan de compétences dans la prévention de la désinsertion
Le bilan de compétences est un outil essentiel pour les salariés confrontés à un problème de santé impactant leur emploi. Il permet d’analyser leur situation professionnelle, d’identifier leurs compétences et d’envisager des solutions adaptées à leurs nouvelles contraintes, qu'elles soient internes à l'entreprise (reclassement, évolution de carrière) ou externes (reconversion professionnelle).
En tant que consultante spécialisée dans l’accompagnement des salariés confrontés à des problèmes de santé, j’aide ces travailleurs à explorer de nouvelles perspectives professionnelles tout en tenant compte de leurs limitations et surtout de leurs capacités restantes. Le bilan de compétences leur offre un cadre rassurant et structurant pour :
Grâce à cet accompagnement, le bilan de compétences devient un levier d’action pour anticiper et prévenir la rupture professionnelle, en offrant une réelle opportunité de rebond professionnel aux salariés en situation de fragilité. Et il leur permet surtout de prendre conscience que leur vie professionnelle ne s'arrête pas à une inaptitude.
Prévenir la désinsertion professionnelle dans le cadre d'un arrêt maladie est un enjeu crucial, tant pour le salarié que pour l’employeur. Une anticipation précoce, une mobilisation des dispositifs existants et un accompagnement personnalisé sont les clés d’un retour à l’emploi réussi. Agir en amont permet non seulement de préserver l’employabilité des salariés, mais aussi de maintenir une dynamique positive dans le monde du travail.
Si vous ou un proche vous inquiétez quant à votre capacité à reprendre votre emploi du fait de votre état de santé, je me tiens à votre disposition pour répondre à vos questions. N'hésitez pas à prendre rendez-vous pour un entretien gratuit et sans engagement.